La démocratie comme meilleur gouvernement selon Montesquieu dans l’Esprit de lois

https://doi.org/10.57988/crig-2360

Auteurs

  • Ildefonse SOLY KAMWIRA Professeur ordinaire, Université Catholique du Graben

Résumé

Le thème du meilleur gouvernement a toujours été la préoccupation en Philosophie politique. Par l’expression « meilleur gouvernement », nous sous-entendons le gouvernement entièrement consacré aux intérêts des citoyens. Platon pensait que la justice et le gouvernement par le « philosophe-roi » pourraient garantir le meilleur gouvernement. Aristote reposait la possibilité de l’existence du meilleur gouvernement sur un régime mixte « monarcho-démocratique ». Montesquieu a re-approfondi la question du meilleur gouvernement et a opté pour la démocratie. Dans le monde contemporain, la démocratie tend à être le régime défendu par la plupart des philosophes et des politologues. Néanmoins, à voir le pluralisme et les pratiques divergentes des régimes politiques qui se déclarent démocratiques, il y a tout lieu de comprendre qu’il y a démocratie et démocratie. A l’évidence, un régime politique qui se déclare démocratique, en l’occurrence bien des gouvernements africains, n’est pas forcément capable d’être au service de ses citoyens. D’où vient la médiocrité politique des gouvernements? Devant ce que nous pourrions appeler les « paradoxes de la démocratie » ou encore les « pathologies de la démocratie », nous sommes allé à la découverte de Montesquieu qui croit que la démocratie est le meilleur régime. Nous avons dégagé les principales conditions que retient cet auteur, notamment la vertu politique qu’il identifie à l’Amour de la patrie. Cette vertu implique l’existence des lois dans le pays, l’égalité des citoyens devant ces lois, le réalisme juridique différent du formalisme kelsenien, la priorité des intérêts de la Nation sur les intérêts privés, la recherche permanente du bien commun, le rejet de l’égoïsme, de la cupidité, spécialement du côté des gouvernants, et la séparation des trois pouvoirs. Sous cette acception, la vertu politique, s’avère essentielle pour les pays africains afin de les sortir du verbiage démocratique. L’Afrique, tel est le cas de notre pays la République Démocratique du Congo, est prise en otage par ses propres gouvernants. En Afrique, la classe politique a oublié de bonne ou de mauvaise foi, que le développement d’un pays est conditionné, entre autre, par ce que Montesquieu appelle la frugalité, c’est-à-dire le refus de l’injustice sociale et  l’horreur de s’enrichir sur le dos des compatriotes. Bref, l’Amour de la patrie est la condition nécessaire pour le développement politique, sociale et économique de tout pays. En ce sens, la démocratie telle qu’elle est comprise par Montesquieu est le meilleur gouvernement, c’est-à-dire le gouvernement à la hauteur des exigences du progrès socio-économique et du respect des droits humains, conformément aux aspirations universelles. 

Abstract

The theme of the best government has always been the concern in Political Philosophy. By the expression "best government", we mean the government entirely devoted to the interests of citizens. Plato thought that justice and government by the "philosopher-king" could guarantee the best government. Aristotle relied on the possibility of the existence of the best government over a mixed "monarcho-democratic" regime. Montesquieu re-examined the question of the best government and opted for democracy. In the contemporary world, democracy tends to be the regime defended by most philosophers and political scientists. Nevertheless, to see the pluralism and divergent practices of political regimes declaring themselves democratic, there is every reason to understand that there is democracy and democracy. Obviously, a political regime that declares itself democratic, in this case many African governments, is not necessarily capable of serving its citizens. Where does the political mediocrity of governments come from? Given what we might call the "paradoxes of democracy" or the "pathologies of democracy", we went to the discovery of Montesquieu who believes that democracy is the best regime. We have identified the principal conditions that this author retains, notably the political virtue which he identifies with the Love of the Fatherland. This virtue implies the existence of laws in the country, the equality of citizens before these laws, the different legal realism of the Kelsenian formalism, the priority of the interests of the Nation over private interests, the permanent search for the common good, Selfishness, greed, especially on the part of the rulers, and the separation of the three powers. In this sense, political virtue is essential for African countries to get them out of democratic verbiage. Africa, such as our country the Democratic Republic of Congo, is taken hostage by its own rulers. In Africa the political class has forgotten good or bad faith that the development of a country is conditioned, among other things, by what Montesquieu calls frugality, that is to say, the refusal of social injustice and the horror of getting rich on the backs of compatriots. In short, the Love of the Fatherland is the necessary condition for the political, social and economic development of any country. In this sense, democracy as understood by Montesquieu is the best government, that is, the government that meets the requirements of socio-economic progress and respect for human rights in accordance with universal aspirations.

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Biographie de l'auteur

Ildefonse SOLY KAMWIRA, Professeur ordinaire, Université Catholique du Graben

Abbé Ildefonse SOLY Kamwira est professeur et doyen de la faculté de sciences pharmaceutiques de l’Université Catholique du Graben (UCG) de Butembo.

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Publiée

08/15/2019

Comment citer

Ildefonse SOLY KAMWIRA. (2019). La démocratie comme meilleur gouvernement selon Montesquieu dans l’Esprit de lois. Ouvrages Collectifs Avec Contributions, 73–96. https://doi.org/10.57988/crig-2360