La résolution des conflits dans la société en milieu coutumier entre hier et aujourd’hui. Cas de la tribu Yira

Résumé

La vie quotidienne des hommes évolue au sein de toute société : les uns positivement dans l’intégration réciproque de la modernité et de la tradition, les autres négativement par la régression sociale où la tradition et la modernité s’excluent mutuellement. C’est dans ce cadre que nous avons orienté notre recherche sur la résolution des conflits en milieu traditionnel, spécialement chez le peuple Yira. L’on retiendra que la réconciliation est sensée surmonter les crises, restaurer à tous les niveaux la dignité des personnes et ouvrir la voie au développement et à la paix durable entre les peuples.  Nous soutenons que diminuer la violence n’est pas réduire le conflit ou mieux le nier.  C’est élaborer des méthodes qui aident à la résolution positive des conflits. Lorsque l’on affirme que les parties en présence peuvent en tirer un bénéfice réciproque, il ne s’agit pas bien sûr de mettre sur pied d’égalité agresseur et agressé. Sanction et régulation ne peuvent être en aucun prix sacrifiées sur l’autel d’une apparente réconciliation. En milieu Yira, l’élément capital était de remarquer que la résolution des conflits était traitée de manière à réglementer l’homme dans la société et de remettre chacun dans ses droits selon les prescrits et les réalités réelles. Contrairement à ce qui se passe dans les Cours et Tribunaux, il se révèle que la corruption n’avait pas atteint autant d’ampleur.

La matière pénale est celle qui traite des infractions et des peines y afférentes. Toutes les infractions sus évoquées et les peines en milieu yira étaient traitées suivant une procédure qui était bel et bien observée, en l’occurrence la comparution volontaire ; la saisine d’office au cas où c’est le Chef du village qui pouvait convoquer un délinquant ; la conduite immédiate du délinquant devant la chambre de décision des Chefs du village. Bien plus, avant cette étape, les sages du village pouvaient bien mener des enquêtes pour se rendre compte de la véracité des faits dont une personne était chargée grâce à une pratique qu’on appelait « ovwenda », pratique consistant à faire boire une quantité d’eau au suspect ; s’il est coupable, il en mourait. Dans le cas contraire, il survivait et son dossier était classé sans suite.

Dans ce travail, nous avons utilisé la méthode fonctionnelle qui vise à identifier les faits sociaux et plus particulièrement les institutions à partir des fonctions qu’elles remplissent des rôles qu’elles jouent. Cette méthode a aidé à élaborer un modèle adapté à analyser la manière dont les conflits étaient réglés en milieu Yira hier et aujourd’hui. Nous nous sommes servi ensuite des approches historique, descriptive et comparative.

Abstract

The daily life of people evolves within any society: some positively in the reciprocal integration of modernity and tradition, others negatively through social regression where tradition and modernity are mutually exclusive. It is within this framework that we have focused our research on conflict resolution in the traditional environment, especially among the Yira people. It should be noted that reconciliation is supposed to overcome crises, restore the dignity of people at all levels and open the way to sustainable development and peace between peoples. We argue that reducing violence is not about reducing or denying conflict, it is about developing methods that assist in positive conflict resolution. When we say that the parties involved can benefit from each other, it is not, of course, a question of putting the aggressor and the aggressed on an equal footing. Sanction and regulation cannot be sacrificed at any cost on the altar of an apparent reconciliation. In the Yira environment, the conflicts in its social context were treated in such a way as to regulate man in society and to restore the rights of each person according to the rules and realities. In contrast to what happens in the courts and tribunals, it turns out that corruption was not as widespread.

Criminal law deals with offences and related penalties. All the above-mentioned offences and the related penalties, as we have indicated, were dealt with in the Yira environment according to a procedure that was well and truly observed, namely voluntary appearance; referral of the case to the court by the village chief if he was able to summon an offender; and immediate referral of the offender to the village chiefs' decision-making chamber. Moreover, before this stage, the village elders could carry out investigations to ascertain the veracity of the facts of which a person is accused thanks to a practice known as 'ovwenda', which consists of making the suspect drink a quantity of water; if he is guilty, he dies; if not, he survives and his case is closed.

In this work, we used the functional method, which aims to identify social facts and more particularly institutions on the basis of the functions they perform and the roles they play. This method helped us to develop a model that is suitable for analyzing the way in which conflicts were settled in the Yira environment in the past and today. We then used the following approaches: historical, descriptive and comparative.